L’Avenir de la Psychoanalyse et de la Psychothérapie en Grande-Bretagne, Part 3
Reconnaissance des psychothérapeutes
Depuis vingt ans une campagne est menée pour établir une liste des psychothérapeutes. Ce fut une entreprise extrêmement difficile car les nombreux organismes différents qui offraient des formations en psychothérapie avaient des idées différentes sur ce qu’était une formation adéquate pour que l’organisme en question puisse être inscrit sur une liste. Finalement, un registre de psychothérapie du Royaume-Uni («United Kingdom Register of Psychotherapy») a été établi, et celui-ci sera un registre «à titre indicatif». Cela veut dire que l’inscription sur ce registre montrera au grand public que la personne a reçu une formation reconnue. Cela n’empêche pas d’autres personnes d’exercer la psychothérapie sans pour autant qu’elles soient inscrites sur ce registre. On a créé un «United Kingdom Council for Psychotherapy» («Conseil du Royaume-Uni pour la psychothérapie») pour administrer ce registre.
Il existe actuellement une scission au sein du groupe qui avait passé de nombreuses années à rapprocher les différents organismes de psychothérapie et à créer une base pour 1’inscription sur un registre. La scission a été provoquée par les organismes qui considèrent que leur formation répond à des critères élevés en psychanalyse ou en psychothérapie psychanalytique, et ils ont formé leur propre confédération, «The British Confederation of Psychoanalysis, Psychoanalytic Psychotherapy and Child Psychotherapy». Bien que certains de ces organismes aient maintenu une double appartenance, à cette nouvelle organisation et à 1’organisation mère, il semble que pour le moment et pour quelques années à venir, il y aura deux organisations dirigeant des formations. On peut espérer qu’un rapprochement se produira un jour.
Il y a lieu de supposer que 1’intervention de 1’État augmentera dans la formation des psychothérapeutes. Le ministère du commerce et de l’industrie a créé un groupe d’études qui examine les formations dans le domaine du conseil. Ce domaine du «conseil thérapeutique» est à l’interface avec la psychothérapie dynamique, de sorte que ce qui se passe actuellement est un cadrage des champs de compétence pour les tâches thérapeutiques. Ceci a été mis sur pied du fait des exigences de la CEE.
Une vue d’ensemble semble montrer ceci: la psychanalyse et la psychologie analytique continueront à être considérées comme offrant les formations les plus rigoureuses aux psychothérapeutes. Le nombre de personnes acceptées restera toujours faible, peut-être jusqu’à dix par an, du fait des exigences considérables en temps et en argent. Puisqu’il existe aujourd’hui plusieurs autres organismes de formation qui ont une base saine dans 1’approche psychanalytique, il y aura un nombre croissant de thérapeutes qui commenceront leur formation dans ces organismes et qui s’en satisferont peut-être. Certains chercheront probablement à aller plus loin et entreprendront des types de formation plus anciens. La psychanalyse continuera à fonctionner principalement dans le cadre de la sphère privée, mais un nombre considérable de psychanalystes continueront, comme ils le font maintenant, d’exercer au sein du National Health Service et des Services sociaux. La Société de psychanalyse continuera à croître lentement et on ne peut pas envisager é l’heure actuelle qu’un quelconque changement radical se produise dans la structure de la Société, ni dans la manière dont elle considère la formation. Mais progressivement, on assistera à une augmentation des échanges entre l’Institut de psychanalyse et les universités qui ont organisé des cours de psychanalyse, ce qui augmentera le niveau activité intellectuelle de l’un et des autres. Les échanges augmenteront entre la psychanalyse britannique, la psychanalyse continentale et la psychanalyse nord- et sud-américaines dans le cadre de conférences organisées par l’Association de Psychanalyse internationale, mais il existe des signes selon lesquels des initiatives sont en train être prises par des groupes plus petits, comme par exemple des échanges entre l’ «Independent Group of Psychoanalysts» et les «Self Psychologists» en Amérique.
L’analyse de groupe est une forme précieuse de traitement, et elle propose des possibilités de traitement aux National Health Services et aux Services sociaux, qui seront sans doute mieux utilisées à mesure qu’on en aura davantage connaissance.
La pression ne cessera pas de s’exercer pour la mise au point de formes plus brèves de psychothérapie, et un début prometteur a vu le jour avec la thérapie cognitive analytique (cognitive-analytic therapy, CAT), telle qu’elle a été promue par le Dr Anthony Ryle (1990).
L’exigence de traitements «fondés sur des preuves» est (mal) utilisée par certains administrateurs pour remplacer. Les thérapeutes à orientation psychodynamique par ceux qui pratiquent d’autres thérapies (conseil, thérapie cognitive), qui ne requièrent pas des formations longues ni onéreuses. Il faudra affronter ce défi si l’on veut que les thérapies psychanalytiques et psychodynamiques continuent d’avoir une place importante dans les services finances par l’État. La monographie, What Works for Whom. A Critical Review of Psychotherapy Research (Qu’est-ce qui marche pour qui. Une recension critique de la recherche sur la psychothérapie), due à P. Fonagy et A. Roth (1996), dont l’écriture à été stimulée par ce besoin et soutenue par le ministère de la Santé, représente un pas important pour faire face à ce défi.
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