A la Recherche de L'Avenir

Quelques Suppositions Confortables, Part 2


Même maintenant, environ vingt-cinq ans plus tard, contrairement à toutes les prétentions académiques et théoriques, nous n’avons pas trouvé de réponse sérieuse ni acceptable qui satisferait le clinicien expérimente En fait, dans ce volume-ci, Wallerstein, dans son premier chapitre, fort intéressant et poignant, daté de 1990, admet ceci:

Ce serait une digression ici d’analyser les complexités conceptuelles et techniques de la recherche sur le processus et sur le résultat, recherche qu’il faudrait mettre en place pour évaluer efficacité comparative, sur l’ensemble des troubles de l’éventail psychopathologique, de la psychothérapie intensive et d’approches plus brèves ou centrées sur les médicaments, mais il suffit de dire qu’en termes des critères fondamentaux pour les organismes gouvernementaux et les assurances, si l’on se préoccupe du soulagement et de l’amélioration des symptômes présents et des comportements manifestes, perturbés ou perturbateurs, il est peu probable que la supériorité de la psychothérapie intensive soit (ou puisse être) indubitablement établie.

Sur la base de nombreuses décennies expérience, Wallerstein et moi-même croyons fermement—non, nous sommes convaincus—que la psychothérapie psychodynamique intensive, si elle est pratiquée par un clinicien expérimenté, est dans la plupart des situations bien supérieure à des formes plus superficielles de psychothérapie et, d’ailleurs, est nécessaire pour apporter de l’aide à ceux qui souffrent émotionnellement. De plus, il est inhumain de refuser une telle aide. La tragédie est que nous ne pouvons convaincre ni les diverses professions, ni le public, ni ceux qui pourraient fournir le soutien nécessaire.

Mais Wallerstein ne mentionne pas la raison principale du déclin actuel de l’acceptation générale dont ont bénéficié la psychanalyse et la psychothérapie psychodynamique, après toutes les occasions qu’elles ont eues pendant des décennies pour faire leurs preuves: les insuffisances des professionnels, et dans de nombreux cas l’incompétence totale de nombreux analystes et thérapeutes. L’ensemble de notre volume frère, Choix fondamentaux—changements fondamentaux: la résurrection de la psychothérapie, est consacré à une analyse de ce problème, de ses causes multiples et des solutions réalistes qui doivent être instituées si l’on veut empêcher la psychothérapie psychodynamique de s’enfoncer de plus en plus profondément dans une fondrière.

Si ce était pour ce facteur unique, la validité du travail psychothérapique intensif et compétent serait évidente pour la plupart des gens, tant professionnels que non professionnels. Après tout, personne ne réclame une recherche sur le résultat lorsqu’il va chez le dentiste pour traiter une carie. Nous pourrions alors abattre édifice artificiel et prétentieusement complexe de la recherche sur le résultat, où une hypothèse est entassée sur une autre hypothèse et on l’ensemble de l’artefact est décrit de manière irresponsable comme une structure scientifique cohérente constitué de faits indiscutables.

Considérons maintenant ce sujet d’un autre point de vue. Dans tous ses écrits, Wallerstein affirme que la psychanalyse est une science. D’une autre côté, feu Robert J. Stiller, l’un des critiques les plus incisifs et les plus brillants de la psychanalyse, montre de manière décisive, dans son chapitre contenu dans notre volume frère et dans un grand nombre de pages de ses écrits, réimprimés dans la troisième partie de ce volume frère, que la psychanalyse ne peut pas être considérée comme une science car elle ne répond pas à un grand nombre des critères fondamentaux de la science.

Tant Stoller que moi-même sommes convaincus de l’immense valeur de la psychothérapie psychodynamique et de son potentiel unique pour l’avenir. Cependant, ce ne sont pas la psychanalyse ni la thérapie psychodynamique qui sont connues aujourd’hui de la plupart, bien que certains des principes fondamentaux soient nécessairement les mêmes. Cela aussi est examiné et analysé en profondeur dans notre volume frère.

J’ai toujours soutenu que nous nous porterions bien mieux si nous limitions I’utilisation du terme «science» aux seules sciences fondamentales, évitant ainsi des discussions interminables et infructueuses.(1) De nombreux domaines d’investigation ne se prêtent pas aux contraintes de la méthode scientifique, et l’utilisation de certaines procédures et de certains critères «scientifiques» ne suffisent pas à transformer de tels domaines en «sciences ». Le désir de professionnels d’attribuer l’insigne de la science à leurs champs d’intérêt particuliers est malheureux. Il impose des exigences inappropriées qui entravent et déforment leur travail. En même temps, le fait de qualifier de «non scientifique» et de rabaisser ainsi tout domaine où la science n’est pas équipée pour opérer est déraisonnable aussi.

Ce dont nous devrions vraiment prendre soin, c’est de nous assurer que les méthodes employées sont intelligentes et pertinentes par rapport au champ spécifique explore, et qu’elles en sont issues.

J’aimerais maintenant soulever une question à laquelle je souhaite qu’on réfléchisse. Si l’article de Wallerstein et de Sampson était réécrit après le point de vue ci-dessus, quelle proportion de l’article initial resterait et quels ajouts devraient être faits? Une partie de la réponse est indiquée par les auteurs quand ils affirment: «Les données de l’analyse sont des comportements manifestes, tels qu’ils sont interprètés par des règles (à préciser), selon lesquelles de telles interprétations peuvent être faites avec cohérence et de façon fiable.» Bien sûr, de telles «règles », si elles étaient déterminés par ces auteurs, seraient fondées sur des dogmes psychanalytiques traditionnels. Avec ces limitations à l’esprit, et celles imposées par la tentative d’ adhésion à la «méthodologie scientifique» suggérée par les auteurs; on peut dire en toute sécurité que notre approche mettrait en jeu un nombre bien plus grand de variables, mais qu’un grand nombre des questions soulevées et des voies envisagées seraient bien plus valables et réalistes. Même alors, cependant, le but espéré d’une solution satisfaisante et honnête, et non d’une pseudo-réponse «savante », resterait hors de vue.

Mais il faut noter que toute l’approche de la recherche sur le résulte a serait grandement modifiée si nous réussissions à réaliser un changement tout à fait essentiel: l’amélioration de la formation professionnelle du psychothérapeute, qu’il faut rendre beaucoup plus efficace et économique, comme cela est présente dans la partie suivante.

(1) Ce chapitre a été initialement écrit en anglais, langue dans laquelle le terme «science» a pour but de signifier «science exacte». C’est ainsi que ce terme doit être compris ici. Dans d’autres langues, ce mot peut avoir un sens beaucoup plus large. En allemand, par exemple, on peut parler des sciences exactes, mais le mot pour science, Wissenschaft, est utilisé aussi dans un sens large, comme dans Musikwissenschaft (connaissance et histoire de la musique) et Kunstwissenschaft (connaissance et histoire de l’art). Mais quand des analystes se réfèrent à l’analyse en tant que science, ils insistent que le terme soit interprété dans son sens strict.